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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/66

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parut à M. Haviland d’une intolérable incorrection.

Donc M. Fellaire ne dissimulait pas ses embarras. Mais il s’était relevé, disait-il ; il avait en mains une magnifique affaire.

Ayant touché ce sujet, il ajusta ses poings sur ses cuisses et respira longuement ; il prenait son attitude.

— Il s’agit, dit-il, en fixant sur la corniche un regard napoléonien, il s’agit d’une affaire dont le côté essentiellement moralisateur ne vous échappera pas. Il s’agit d’une banque ouvrière fondée sur des bases toutes nouvelles. À une époque où le développement excessif des classes laborieuses devient un embarras pour l’économiste et constitue, si j’ose dire, un danger permanent pour la société tout entière, le besoin se fait sentir d’une institution qui inspire au prolétariat le sentiment de l’épargne. Dégagés désormais des entraves que le précédent gouvernement n’aurait pas manqué de susciter à la fondation d’un établissement de ce genre, il faut agir, et…

À ce moment, M. Fellaire de Sisac vit son lamentable chapeau traîtreusement éclairé par le