Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/75

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teux de village ; si quelque jeune fille, très ingénue, était tentée d’élever des poulets sous sa protection, il l’épouserait.

Elle dit vivement :

— Ah ! vous voulez vous marier ?

Mais elle reconnut à ses réponses qu’il n’y tenait pas ; qu’il avait dans le cœur un grand vague, quelque tristesse et peut-être un souvenir.

Georges, revenu du collège, vint se jeter entre eux avec ses livres de classe et se disposa, en enfant gâté, à jouir de la distraction que ce monsieur allait lui procurer. Elle ne le renvoya pas, lui dit de se tenir tranquille et de faire ses devoirs. Le major contait quelque épisode de sa traversée, tandis que l’enfant feuilletait bruyamment son dictionnaire, mâchait son porte-plume et relevait la tête quand il entendait parler d’araignées de mer mangées vivantes par un matelot sur le pont du navire.

La femme de chambre vint dire que Monsieur, qui était souffrant, priait Madame de venir près de lui.


La chambre de M. Haviland était grande et toute