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l’étui de nacre
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drie. La lampe brillait doucement et la flamme du foyer faisait palpiter comme des ailes dans l’ombre. Assise en robe de chambre devant le bonheur du jour, son cou délicat incliné sous la magnifique et pâle auréole de ses cheveux, Julie feuillette les lettres qui dormaient, liées avec des faveurs, dans les tiroirs du meuble.

Minuit sonne ; c’est le signe du passage d’une année à l’autre. La mignonne pendule, où rit un amour doré, annonce que l’année 1793 est finie.

Au moment de la conjonction des aiguilles, un petit fantôme a paru. Un joli enfant, sorti du cabinet où il couche et dont la porte reste entr’ouverte, est venu, en chemise, se jeter dans les bras de sa mère et lui souhaiter une bonne année.

— Une bonne année, Émile… Je te remercie. Mais sais-tu ce que c’est qu’une bonne année ?

Il croit savoir ; pourtant, elle veut le lui mieux enseigner.

— Une année est bonne, mon chéri, pour ceux qui l’ont passée sans haine et sans peur.