Page:Anatole France - L’Île des Pingouins.djvu/16

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pennes ; bien que leurs jambes soient plantées un peu moins en arrière que celles des méridionaux ils marchent de même, le buste levé la tête haute, en balançant le corps d’une aussi digne façon et leur bec sublime (os sublime) n’est pas la moindre cause de l’erreur où tomba l’apôtre, quand il les prit pour des hommes.


Le présent ouvrage appartient, je dois le reconnaître, au genre de la vieille histoire, de celle qui présente la suite des événements dont le souvenir s’est conservé, et qui indique, autant que possible, les causes et les effets ; ce qui est un art plutôt qu’une science. On prétend que cette manière de faire ne contente plus les esprits exacts et que l’antique Clio passe aujourd’hui pour une diseuse de sornettes. Et il pourra bien y avoir, à l’avenir, une histoire plus sûre, une histoire des conditions de la vie, pour nous apprendre ce que tel peuple, à telle époque, produisit et consomma dans tous les modes de son activité. Cette histoire sera, non plus un art, mais une science, et elle affectera l’exactitude qui manque à l’ancienne. Mais, pour se constituer, elle a besoin d’une multitude de statistiques qui font défaut jusqu’ici chez tous les peuples et particulièrement chez les