Page:Anatole France - L’Île des Pingouins.djvu/162

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mélancoliques ; il découvrait les Apollo jouant du violon, sur la cime fleurie, au milieu des Muses aux tuniques légères ; il découvrait les Vénus couchées sous les sombres myrtes et les Danaé exposant à la pluie d’or leurs flancs délicieux ; il découvrait les Jésus dans les colonnades, parmi les patriciens, les dames blondes, les musiciens, les pages, les nègres, les chiens et les perroquets ; il découvrait, en un enchevêtrement inextricable de membres humains, d’ailes déployées et de draperies envolées, les Nativités tumultueuses, les Saintes Familles opulentes, les Crucifixions emphatiques ; il découvrait les sainte Catherine, les sainte Barbe, les sainte Agnès, humiliant les patriciennes par la somptuosité de leur velours, de leurs brocarts, de leurs perles et par la splendeur de leur poitrine ; il découvrait les Aurores répandant leurs roses et la multitude des Diane et des Nymphes surprises nues au bord des sources ombreuses. Et le grand Margaritone mourut suffoqué par ce pressentiment horrible de la Renaissance et de l’école de Bologne. »