Page:Anatole France - L’Île des Pingouins.djvu/217

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— Quelles nouvelles, mon vieux père ? demanda le jeune prince.

— De grandes nouvelles, répondit Agaric. Puis-je parler ?

— Vous le pouvez. Je n’ai rien de caché pour ces deux demoiselles.

— Monseigneur, la Pingouinie vous réclame. Vous ne serez pas sourd à son appel.

Agaric dépeignit l’état des esprits et exposa le plan d’un vaste complot.

— À mon premier signal, dit-il, tous vos partisans se soulèveront à la fois. La croix à la main et la robe troussée, vos vénérables religieux conduiront la foule en armes dans le palais de Formose. Nous porterons la terreur et la mort parmi vos ennemis. Pour prix de nos efforts, nous vous demandons seulement, monseigneur, de ne point les rendre inutiles. Nous vous supplions de venir vous asseoir sur un trône que nous aurons préparé.

Le prince répondit simplement :

— J’entrerai dans Alca sur un cheval vert.

Agaric prit acte de cette mâle réponse. Bien qu’il eût, contrairement à ses habitudes, une demoiselle sur ses genoux, il adjura avec une sublime hauteur d’âme le jeune prince d’être fidèle à ses devoirs royaux.

— Monseigneur, s’écria-t-il en versant des larmes, vous vous rappellerez un jour que vous