Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/115

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détourné dans un ministère les fonds secrets d’une année entière. Elle avait ensuite accordé toute sa confiance à un homme bien séduisant, qui brillait au premier rang de la presse gouvernementale et qui disparut soudain dans une immense catastrophe financière. Ceux-là du moins, elle les tenait, pour ainsi dire, du baron lui-même. Une femme n’est pas blâmable d’aimer dans son monde. Mais le nouveau, le dernier, le plus cher, l’unique, Raoul Marcien, elle ne l’avait pas trouvé dans l’entourage du baron. Il n’appartenait pas au monde des affaires. Elle l’avait rencontré dans la meilleure société française, en province, dans un milieu presque monarchiste et presque religieux. Lui-même, il était presque gentilhomme. Elle avait bien cru cette fois contenter son désir de tendresse et d’intimité délicate, posséder enfin l’ami chevaleresque, aux sentiments nobles et doux, qu’elle rêvait.

Et voilà qu’il était comme les autres,