Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/116

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glacé, brûlé d’épouvantes et de fureurs, déchiré d’angoisses, agité par les étonnantes merveilles d’une vie d’escroqueries et de chantages. Mais combien plus pittoresque et plus amusant qu’aucun autre ! Témoin dans une grave et délicate affaire pendant qu’on l’exécute à son cercle ; le même matin, nommé chevalier de la Légion d’honneur et appelé dans le cabinet du juge d’instruction pour répondre d’une plainte en abus de confiance ! Et toujours la poitrine bombée, la moustache flambante, défendant son honneur à la pointe de l’épée. Mais depuis quelques mois il perdait son sang-froid, parlait trop haut et s’agitait trop, se compromettait par désir de vengeance ; car il était trahi, disait-il.

Élisabeth voyait avec inquiétude les colères de Rara s’allumer chaque jour plus vives. Quand elle allait chez lui le matin, elle, le trouvait en manches de chemise, plongé jusqu’au cou dans sa vieille malle