Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/118

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— Chère amie, chère amie, s’écria de sa voix de cor de chasse, avec un accent à terrifier des Turcs, l’Européenne madame Hortha, chère amie, est-ce que nous ne verrons pas ce soir monsieur Ernest ?

Elle parlait debout, les traits grands, avec l’air d’une vierge guerrière oubliée vingt ans dans un praticable au théâtre de Bayreuth, terrible, ceinte et revêtue de jais et d’acier, de lueurs, d’éclairs, de bruits ; au fond, très bonne dame et mère de beaucoup d’enfants.

Réveillée en sursaut par ces cuivres enchantés, qui sonnaient dans la gorge de l’excellente madame Hortha, la baronne répondit que son fils, ayant obtenu un congé de convalescence, devait venir ce soir même à Montil. Les chevaux étaient allés le chercher à la gare.

M. l’abbé Guitrel, son sommeil traversé par cette fanfare nocturne, rajusta ses lunettes chancelantes et, passant sa langue sur ses