Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/139

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Comme il passait devant la boutique de madame Fusellier, la papetière, il s’arrêta devant la vitrine, où des modèles de dessin étaient exposés à la lumière du gaz, et il regarda avec intérêt l’Hercule Farnèse, qui montrait ses muscles au milieu de cette imagerie scolaire.

— J’ai de la sympathie pour lui, dit M. Bergeret.

— Pour qui ? demanda M. Goubin, en essuyant les verres de son binocle.

— Pour Hercule, répondit M. Bergeret. C’était un brave homme. « Ma destinée, a-t-il dit lui-même, est laborieuse et tendue vers un but élevé. » Il travailla beaucoup sur cette terre, avant d’être récompensé par la mort, qui est en effet la seule récompense de la vie. Il n’avait pas le temps de se livrer à la méditation ; les longues pensées n’ont jamais altéré la simplicité de son âme. Mais il se sentait triste lorsque venait le soir et que son grand cœur, à