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des vaisseaux d’Énée, joli conte populaire, peut-être un peu bien naïf pour être mis en un si noble langage. Mais M. Bergeret n’y voyait point d’inconvénient. Il savait que les contes de nourrice fournissent aux poètes à peu près toute la matière épique, que Virgile avait recueilli pieusement dans son poème les devinettes, les jeux de mots, les fables grossières et les imaginations puériles des aïeux, et qu’Homère, son maître et le maître de tous les chanteurs, n’avait guère fait que conter ce que contaient avant lui, depuis mille ans et plus, les bonnes femmes d’Ionie et les pêcheurs des îles. Au reste, c’était pour lors le moindre de ses soucis. Il s’inquiétait de bien autre chose. Un terme qu’il rencontrait dans le charmant récit de la métamorphose ne lui présentait point à l’esprit un sens suffisamment exact. De là son trouble.

« Bergeret, mon ami, se disait-il, c’est là qu’il faut ouvrir l’œil et montrer de la saga-