Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/18

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La foule, frappée de cette ressemblance, salua unanimement M. Lacarelle du nom glorieux d’Éporédorix. Et, dès lors, le chef du cabinet du préfet fut tenu de réaliser publiquement le type populaire du Gaulois et d’y conformer en toute circonstance ses actes et ses paroles. Lacarelle y réussit assez bien, parce qu’il y était préparé dès l’École de droit et qu’on lui demandait seulement d’être jovial, cocardier et grivois à l’occasion. On trouva qu’il avait bonne grâce à embrasser les femmes et il devint grand embrasseur. Femmes, filles et fillettes, belles et laides, jeunes et vieilles, il les embrassait toutes et toujours, par gauloiserie pure et sans penser à mal, car il avait de bonnes mœurs.

C’est pourquoi, trouvant d’aventure madame Bergeret seule dans son salon, où elle attendait madame Lacarelle, il l’embrassa tout de suite. Madame Bergeret n’ignorait pas les habitudes de M. Lacarelle. Mais sa