Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/270

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n’était point découragé. Il se représentait exactement la situation, ayant l’esprit net. La campagne antisémite avait été rudement menée dans ce département agricole où il n’y a pas de juifs, à la vérité, mais où il y a un nombreux clergé. Les récents événements et les articles des journaux avaient beaucoup tapé sur la tête faible du duc de Brécé, chef du parti catholique dans le département. Sans doute les Bonmont pensaient comme des petits-fils d’émigrés et ils étaient pleins d’une vieille piété vendéenne, catholiques autant que les Brécé. Mais le duc regardait à la race. Il était simple et têtu. Le jeune Bonmont ne l’ignorait pas. Il examina encore une fois la situation, devant l’omnibus à pétrole Dubos-Laquille, et il se persuada que le moyen le plus sûr d’obtenir le bouton était de procurer une crosse à M. l’abbé Guitrel.

«  Il est nécessaire, pensa-t-il, que je le fasse passer évêque. Ça ne doit