Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/302

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cisément aux plus noirs accès de rancune et de malveillance. Ce jour-là, en effet, par force et douceur, inspiration naturelle et science profonde, elle avait obtenu de lui les réalités de l’amour plus libéralement qu’il ne les accordait à l’ordinaire, par principe. Elle l’avait fait sortir de la modération. C’est ce qu’il ne lui pardonnait pas aisément, soucieux de sa santé et attentif à se tenir en forme pour les exercices de sport. Chaque fois que madame de Gromance l’entraînait hors de la juste mesure, il se vengeait d’elle ensuite par des mots mauvais ou par un plus mauvais silence. Elle ne s’en fâchait point parce qu’elle aimait l’amour et que son expérience lui enseignait que tous les hommes sont désagréables quand ils sont satisfaits. Elle s’attendait donc, sans émoi, à des reproches qu’elle savait mérités. Son attente fut trompée. Gustave exprima tranquillement cette pensée qui témoignait d’une âme égale et sereine :