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qu’il n’y ait point de question sémitique en Angleterre.

— C’est parce que les Anglais n’ont point le cœur placé comme nous l’avons, dit M. de Brécé, ni le sang bouillant comme le nôtre.

— Assurément, dit M. Lerond. J’apprécie cette remarque, monsieur le duc, mais c’est peut-être aussi parce que les Anglais emploient leurs capitaux dans l’industrie, tandis que nos laborieuses populations réservent les leurs à l’épargne, c’est-à-dire à la spéculation, c’est-à-dire aux juifs. Tout le mal vient de ce que nous avons les institutions, les lois et les mœurs de la Révolution. Le salut est dans un prompt retour à l’ancien régime.

— C’est vrai ! dit le duc de Brécé, pensif.

Ils allaient ainsi conversant. Soudain, devant eux, par le chemin que le feu duc avait ouvert dans son parc aux habitants du bourg, un char à bancs passa, rapide, gai,