Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/355

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gine et de religion. Les tribus qui plantaient des dolmens n’étaient pas du même sang que les nations qui honoraient les bardes et les druides. Dans ce mélange humain les invasions versèrent des Germains, des Romains, des Sarrasins, et cela fit un peuple, un peuple héroïque et charmant, la France qui naguère encore enseignait la justice, la liberté, la philosophie à l’Europe et au monde. Rappelez-vous la belle parole de Renan ; je voudrais pouvoir la citer exactement : « Ce qui fait que des hommes forment un peuple, c’est le souvenir des grandes choses qu’ils ont faites ensemble et la volonté d’en accomplir de nouvelles. »

— Fort bien, dit M. de Terremondre ; mais, n’ayant pas la volonté d’accomplir de grandes choses avec les juifs, je reste antisémite.

— Êtes-vous bien sûr de pouvoir l’être tout à fait ? demanda M. Bergeret.

— Je ne vous comprends pas, dit M. de Terremondre.