Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/356

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— Je m’expliquerai donc, dit M. Bergeret. Il y a un fait constant : chaque fois qu’on attaque les juifs, on en a un bon nombre pour soi. C’est précisément ce qui arriva à Titus.

À ce point de la conversation, Riquet s’assit sur son derrière au milieu du chemin et regarda son maître avec résignation.

— Vous reconnaîtrez, poursuivit M. Bergeret, que Titus fut assez antisémite entre les années 67 et 70 de notre ère. Il prit Jotapate et en extermina les habitants. Il s’empara de Jérusalem, brûla le temple, fit de la ville un amas de cendres et de décombres qui, n’ayant plus de nom, reçut quelques années plus tard celui d’Œlia Capitolina. Il fit porter à Rome, dans les pompes de son triomphe, le chandelier à sept branches. Je crois, sans vous faire de tort, que c’est là pousser l’antisémitisme à un point que vous n’espérez pas d’atteindre. Eh bien ! Titus, destructeur de Jérusalem,