Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/85

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M. de Brécé l’interrompit :

— Monsieur l’abbé, je connais vos idées. Je les respecte comme je respecte votre habit. Mais, pour moi, un juif converti est un juif tout de même. Je n’en fais pas la différence.

— Moi non plus, dit madame Jean de Brécé.

— Vos impressions, madame la duchesse, sont légitimes en quelque manière, répliqua l’abbé Guitrel. Mais vous ne pouvez ignorer ce que l’Église enseigne, à savoir que la malédiction divine prononcée contre les juifs poursuit leur crime et non leur race, et que les effets de cette réprobation ne sauraient atteindre les…

— Il est lourd ! dit M. de Brécé, qui, ayant tiré le ciboire de sa gaine, le tenait soulevé dans ses mains.

— Je suis vraiment contrariée, dit madame Jean de Brécé.

— Il est très lourd, répéta M. de Brécé.