Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/112

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M. Guitrel avait, comme prêtre, d’excellentes règles de conduite. L’une de ces règles était d’éviter le scandale et de se taire, plutôt que d’exposer la vérité aux risées des incrédules. Et, comme cette précaution s’accordait avec la pente de son caractère, il l’observait exactement. Mais M. le préfet Worms-Clavelin manquait de discrétion. Son nez vaste et charnu, ses lèvres épaisses, apparaissaient comme de puissants appareils pour pomper et pour absorber, tandis que son front fuyant, sous de gros yeux pâles, trahissait la résistance à toute délicatesse morale. Il insista, poussa contre les dogmes chrétiens des arguments de loges maçonniques et de cafés littéraires, conclut qu’il était impossible à un homme intelligent de croire un mot du catéchisme. Puis, abattant sur l’épaule du prêtre sa grosse main à bagues, il dit :

— Vous ne répondez rien, mon cher abbé ; vous êtes de mon avis.