Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Elle se surmène, dit-il à son frère céleste : c’est ce qui lui rend le caractère difficile ; mais je suis sûr qu’elle m’aime. J’espère pouvoir prochainement lui donner plus de bien-être.

Et il parla longuement d’une opérette à laquelle il travaillait et qu’il comptait faire jouer sur un théâtre parisien. Un jeune poète lui en avait donné le livret. C’était l’histoire d’Aline, reine de Golconde, d’après un conte du xviiie siècle.

— J’y sème, dit Théophile, des mélodies à profusion, je fais de la musique avec mon cœur. Mon cœur est une source inépuisable de mélodies. Malheureusement, on aime aujourd’hui les arrangements savants, les écritures difficiles. Ils me reprochent d’être trop fluide, trop limpide, de ne pas assez colorer mon style ; de ne pas demander à l’harmonie assez d’effets puissants et de contrastes vigoureux. L’harmonie, l’harmonie !… sans doute elle a son mérite ; mais elle ne dit rien au cœur. C’est la mélodie qui nous transporte et nous ravit et fait venir aux lèvres, aux yeux le sourire et les larmes.