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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/155

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ses poches, toujours bourrées de brochures et de bouteilles. Le musicien voyait avec tristesse le manuscrit de son opérette, Aline, reine de Golconde, ainsi tout écorné. Le prince avait aussi l’habitude de confier à Théophile Belais toutes sortes d’engins mécaniques et de substances chimiques, ferraille, grenaille, poudres, liquides, qui répandaient une odeur infecte. Théophile Belais les enfermait avec précaution dans l’armoire où il gardait ses ailes, et ce dépôt lui causait de l’inquiétude.

Arcade souffrait avec peine le mépris de ses compagnons restés fidèles. Quand ils le rencontraient dans leurs courses saintes, ils lui exprimaient en passant une haine cruelle ou une pitié plus cruelle que la haine.

Il faisait des visites aux anges révoltés que le prince Istar lui désignait et en recevait le plus souvent un bon accueil. Mais dès qu’il leur parlait de la conquête du ciel, ils ne dissimulaient pas l’embarras et le déplaisir qu’il leur causait. Arcade s’apercevait qu’ils ne voulaient pas être dérangés dans leurs goûts, leurs affaires, leurs habitudes. La fausseté de leur jugement, l’étroitesse de leur esprit le cho-