Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/241

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tique, de musique, et l’on disait qu’il nous avait vendu son âme. Les siècles s’écoulaient et les mœurs restaient violentes. Le monde était à feu et à sang. Les successeurs de ce studieux Gerbert, non contents de posséder les esprits (les bénéfices qu’on y a sont plus légers que l’air) voulurent posséder les corps. Ils prétendaient à la monarchie universelle du droit qu’ils tenaient d’un pêcheur du lac de Tibériade. L’un d’eux pensa, un moment, prévaloir sur le lourd Germain, successeur d’Auguste. Mais finalement le spirituel dut composer avec le temporel et les peuples furent tiraillés entre deux maîtres contraires. Ces peuples s’organisaient dans un tumulte horrible. Ce n’était que guerres, famines, exterminations. Comme ils attribuaient à leur dieu les maux innombrables qui fondaient sur eux, ils l’appelaient le Très Bon, non par antiphrase, mais parce que pour eux le meilleur était celui qui frappait le plus fort. En ce temps de violence, pour me faire de studieux loisirs, je pris un parti qui peut surprendre, mais qui était fort sage.

» Il est entre la Saône et les monts charo-