Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/291

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— Allons ! oust ! décampez.

Elle renvoyait tout le monde et jusqu’à son amant de cœur, Théophile, qui était là, pâle, chevelu, doux, triste, myope, absent. Mais ayant reconnu son petit Maurice, elle sourit. Il s’approcha d’elle, se pencha sur le dossier de la chaise où elle était assise, la félicita de son jeu et de son chant, avec un bruit et un geste de baiser au bout de chaque louange. Elle ne le tint pas quitte ainsi et, par interrogations répétées, sollicitations pressantes, incrédulité feinte, l’obligea à répéter deux, trois et quatre fois ses formules admiratives et quand il s’arrêtait, elle semblait si déçue, qu’il était forcé de reprendre tout de suite. Il y peinait, n’étant pas connaisseur ; mais il avait le plaisir de voir des épaules rondes et pleines, dorées par la lumière et d’épier ce joli visage dans la glace de la toilette.

— Vous avez été délicieuse.

— Vraiment ?… Vous le pensez ?

— Adorable, div…

Soudain, il pousse un grand cri. Ses yeux ont vu dans le miroir une figure apparaître au fond de la loge. Il se retourne brusquement,