Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/327

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ferait la noce, comme Maurice. Le cœur maternel de madame René d’Esparvieu en fut ulcéré.

En même temps un fait domestique et grave vint alarmer M. René d’Esparvieu. Des traites lui furent remises, signées de son nom par son fils ; l’écriture n’était pas contrefaite, mais l’intention était formelle de faire prendre la signature du fils pour celle du père ; c’était un faux moral. Et de ce fait il apparaissait que Maurice vivait dans le désordre, faisait des dettes, était sur le point de commettre des indélicatesses. Le père de famille consulta sa femme à ce sujet. Il fut convenu qu’il ferait de sévères remontrances à son fils, parlerait de sanctions rigoureuses et que la mère apparaîtrait au bout de quelques instants affligée et douce, pour incliner à la clémence un père justement irrité. Les choses ainsi réglées, M. René d’Esparvieu fit appeler le lendemain matin son fils dans son cabinet. Pour plus de solennité, il avait endossé sa redingote. Maurice s’aperçut à ce signe que l’entretien serait grave. Le chef de famille, un peu pâle, la voix mal assurée (il était timide), déclara qu’il ne pouvait tolérer plus longtemps le dérèglement dans