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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/406

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dabaoth, qui se flatte de tout savoir, se laisse parfois surprendre. Et il paraît bien, en effet, que la première révolte l’eût pris au dépourvu sans les avis de l’archange Michel. L’armée céleste n’avait pas fait de progrès depuis sa victoire sur les rebelles avant le commencement des temps. Pour l’armement et le matériel, elle était aussi arriérée que l’armée marocaine. Les généraux s’endormaient dans la mollesse et l’ignorance. Comblés d’honneurs et de richesses, ils préféraient la joie des fêtes aux fatigues de la guerre. Michel, le généralissime, toujours loyal et brave, avait perdu, avec les siècles, sa fougue et son audace. Les conjurés de 1914, au contraire, connaissaient les applications les plus neuves et les plus exquises de la science à l’art de détruire. Enfin, tout était prêt et décidé. L’armée de la révolte, assemblée, par corps de cent mille anges, sur tous les déserts de la terre : steppes, pampas, sables, glaces, neiges, était prête à s’élancer dans le ciel.

Les anges, en modifiant le rythme des atomes qui les composent, peuvent traverser les milieux les plus divers. Les esprits descendus sur