Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/59

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qu’on vante. Tout y est traité avec une implacable perfection, tout s’y montre vulgaire de sentiment et cruellement laid. Memling est peut-être touchant ; mais il ne crée que des malingreux et des estropiés, et, sous les riches, lourdes et disgracieuses robes de ses vierges et de ses saintes, on devine des nus lamentables. Je n’ai pas attendu que Rogier van der Wyden s’appelât Roger de la Pasture et devînt Français pour le préférer à Memling. Ce Rogier ou Roger est moins niais ; en revanche il est plus lugubre, et la fermeté de son trait accuse puissamment sur ses panneaux la misère des formes. C’est une étrange aberration que de se plaire à ces figures de carême, quand on a des peintures de Léonard, de Titien, du Corrège, de Vélasquez, de Rubens, de Rembrandt, de Poussin, de Prud’hon. Il y a vraiment là du sadisme !…

Cependant, derrière l’esthète et le bibliothécaire cheminaient lentement M. l’abbé Patouille et Maurice d’Esparvieu. M. l’abbé Patouille, peu enclin d’ordinaire à faire de la théologie avec les laïcs, ni même avec les clercs, entraîné par le charme du sujet, exposait