Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

magne est avide de tels monuments littéraires. Si la correspondance de Gassendi avec Gabriel Naudé passe à Berlin, si des savants allemands en font la publication, quel désastre, quel scandale, dirais-je même ! Monsieur Sariette, vous n’y avez pas songé ?

Sous le coup d’un blâme d’autant plus cruel qu’il se le faisait à lui-même, M. Sariette demeurait stupide et gardait le silence.

Et M. d’Esparvieu multipliait les reproches acerbes :

— Et vous ne tentez rien, vous n’imaginez rien pour retrouver ces richesses inestimables. Faites des recherches, remuez-vous, monsieur Sariette, ingéniez-vous. La chose en vaut la peine.

Et M. d’Esparvieu jeta en sortant un regard glacial sur son bibliothécaire.

M. Sariette chercha les livres et les manuscrits perdus dans tous les endroits où il les avait déjà cherchés cent fois et où il était impossible qu’ils fussent, et jusque dans le seau à charbon, et sous le rond de cuir de son fauteuil, et descendit machinalement au coup de midi. Il rencontra au pied de l’escalier son