Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/80

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mut le jeune Maurice à s’approcher de cet être délicieux. C’est pourquoi il lui offrit le bras pour la conduire à la table de thé. Et, quand Gilberte fut servie, il lui dit :

— On pourrait s’arranger tous les deux. Ça vous va-t-il ?

Il parlait de la sorte, selon les convenances modernes, afin d’éviter de fades compliments et pour épargner à une femme l’agacement d’entendre une de ces vieilles déclarations qui, ne contenant rien que de vague et d’indéterminé, ne comportent aucune réponse exacte et précise. Et, profitant de ce qu’il avait pour quelques instants le moyen de parler en secret à madame des Aubels, il lui tint des propos serrés et pressants. Gilberte était, autant qu’on en peut juger, mieux faite encore pour inspirer le désir, que pour l’éprouver. Cependant, elle sentait bien que sa destination était d’aimer et elle la suivait volontiers et avec plaisir. Maurice ne lui déplaisait pas particulièrement. Elle l’eût préféré orphelin, sachant par expérience comme il est parfois décevant d’aimer un fils de famille.

— Voulez-vous ? fit-il en manière de conclusion.