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habit n’étaient point des songes dont j’allais me réveiller, pour me retrouver en veste de basin devant la broche de la Reine Pédauque.

Je sortis de ma rêverie en me sentant tiré par la manche. Et je vis devant moi frère Ange, dont le visage disparaissait entre son capuchon et sa barbe.

— Monsieur Jacques Ménétrier, me dit-il, à voix basse, une demoiselle, qui vous veut du bien, vous attend dans son carrosse sur la chaussée, entre la rivière et la porte de la Conférence.

Le cœur me battit très fort. Effrayé et ravi de cette aventure, je me rendis tout de suite à l’endroit indiqué par le capucin, en marchant toutefois d’un pas tranquille, qui me parut le plus avantageux. Parvenu sur le quai, je vis un carrosse avec une petite main posée sur le bord de la portière.

Cette portière s’entr’ouvrit à mon approche, et je fus bien surpris de trouver dans le carrosse mam’selle Catherine en robe de satin rose, et la tête couverte d’un coqueluchon où ses cheveux blonds se jouaient dans la dentelle noire.

Je restais interdit sur le marchepied.

— Venez là, me dit-elle, et asseyez-vous près de moi. Fermez la portière, je vous prie.