Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/147

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dans une vilaine sacristie, ces engagements soient peu solides et puissent être rompus avec facilité. Ils ont pour garants les Esprits qui se jouent sur les nuées d’où jaillit l’éclair et tombe la foudre. Je vous fais là, mon fils, des révélations qui vous seront utiles, car j’ai reconnu à des indices certains, que vous étiez destiné au lit d’une Salamandre.

— Hélas ! monsieur, m’écriai-je, cette destinée m’effraye, et j’ai presque autant de scrupules que ce capitaine hollandais qui jeta à la mer la bonne amie de M. Descartes. Je ne puis me défendre de penser comme lui que ces dames aériennes sont des démons. Je craindrais de perdre mon âme avec elles, car enfin, monsieur, ces mariages sont contraires à la nature et en opposition avec la loi divine. Que M. Jérôme Coignard, mon bon maître, n’est-il là pour vous entendre ! Je suis bien sûr qu’il me fortifierait par de bons arguments contre les délices de vos Salamandres, monsieur, et de votre éloquence.

— L’abbé Coignard, reprit M. d’Astarac, est admirable pour traduire du grec. Mais il ne faut pas le tirer de ses livres. Il n’a point de philosophie. Quant à vous, mon fils, vous raisonnez avec l’infirmité de l’ignorance, et la