Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/169

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et il ajouta qu’il comptait sur ses lumières pour l’achèvement de la plus grande œuvre qu’un homme eût encore tentée. Puis, se tournant vers moi :

— Mon fils, me dit-il, je vous prie de descendre un moment dans mon cabinet, où je veux vous communiquer un secret de conséquence.

Je le suivis dans la pièce où il nous avait d’abord reçus, mon bon maître et moi, le jour qu’il nous prit tous deux à son service. J’y retrouvai, rangés contre les murs, les vieux Égyptiens au visage d’or. Un globe de verre, de la grosseur d’une citrouille, était posé sur la table. M. d’Astarac se laissa tomber sur un sopha, me fit signe de m’asseoir devant lui et, s’étant passé deux ou trois fois sur le front une main chargée de pierreries et d’amulettes, me dit :

— Mon fils, je ne vous fais point l’injure de croire qu’après notre entretien dans l’île des Cygnes, il vous reste encore un doute sur l’existence des Sylphes et des Salamandres, qui est aussi réelle que celle des hommes et qui même l’est beaucoup plus, si l’on mesure la réalité à la durée des apparences par lesquelles elle se manifeste, car cette existence est bien