Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/176

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âme aux mensonges des cabbalistes. Je reconnus une fois de plus la sagesse de mon bon maître, et je résolus, à son exemple, de me conduire par la raison dans toutes les affaires qui n’intéressent pas la foi chrétienne et catholique. Attendre la visite d’une dame salamandre, quelle simplicité ! Est-il possible qu’il soit des Salamandres ? Mais qu’en sait-on, et « pourquoi pas » ?

Le temps, déjà lourd depuis midi, devenait accablant. Engourdi par de longs jours tranquilles et reclus, je sentais un poids sur mon front et sur mes paupières. L’approche de l’orage acheva de m’appesantir. Je laissai tomber mes bras et, la tête renversée, les yeux clos, je glissai dans un demi-sommeil plein d’Égyptiens d’or et d’ombres lascives. Cet état incertain, pendant lequel le sens de l’amour vivait seul en moi comme un feu dans la nuit, durait depuis un temps que je ne puis dire, quand je fus réveillé par un bruit léger de pas et d’étoffes froissées. J’ouvris les yeux et poussai un grand cri.

Une merveilleuse créature était debout devant moi, en robe de satin noir, coiffée de dentelle, brune avec des yeux bleus, les traits fermes dans une chair jeune et pure, les joues rondes et la bouche animée par un invisible