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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/184

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Je demandai à mademoiselle Jahel si je n’aurais pas l’heur de la revoir.

— Vous l’aurez, me dit-elle.

Et nous convînmes qu’elle monterait la nuit dans ma chambre toutes les fois qu’elle pourrait s’échapper du pavillon où elle était gardée.

— Faites attention seulement, lui dis-je, que ma porte est la quatrième à droite, dans le corridor, et que la cinquième est celle de l’abbé Coignard, mon bon maître. Quant aux autres, ajoutai-je, elles ne donnent accès que dans des greniers où logent deux ou trois marmitons et plusieurs centaines de rats.

Elle m’assura qu’elle n’aurait garde de s’y tromper, et qu’elle gratterait à ma porte, non pas à quelque autre.

— Au reste, me dit-elle encore, votre abbé Coignard me semble un assez bon homme. Je crois que nous n’avons rien à craindre de lui. Je l’ai vu, par un judas, le jour où il rendait visite avec vous à mon oncle. Il me parut aimable, quoique je n’entendisse guère ce qu’il disait. Son nez surtout me sembla tout à fait ingénieux et capable. Celui qui le porte doit être homme de ressources et je désire faire sa connaissance. On a toujours à gagner à la fréquentation des gens d’esprit. Je suis fâchée