Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/185

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seulement qu’il ait déplu à mon oncle par la liberté de ses paroles et par son humeur railleuse. Mosaïde le hait, et il a pour la haine une capacité dont un chrétien ne peut se faire idée.

— Mademoiselle, lui répondis-je, M. l’abbé Jérôme Coignard est un très savant homme et il a, de plus, de la philosophie et de la bienveillance. Il connaît le monde, et vous avez raison de le croire de bon conseil. Je me gouverne entièrement sur ses avis. Mais, répondez-moi, ne me vîtes-vous pas aussi, ce jour-là, dans le pavillon, à travers ce judas que vous dites ?

— Je vous vis, me dit-elle, et je ne vous cacherai pas que je vous distinguai. Mais il faut que je retourne chez mon oncle. Adieu.

M. d’Astarac ne manqua pas de me demander, le soir, après le souper, des nouvelles de la Salamandre. Sa curiosité m’embarrassait un peu. Je répondis que la rencontre avait passé mes espérances, mais qu’au surplus je croyais devoir me renfermer dans la discrétion convenable à ces sortes d’aventures.

— Cette discrétion, mon fils, me dit-il, n’est point aussi utile en votre affaire que vous vous le figurez. Les Salamandres ne demandent point le secret sur des amours dont elles n’ont point de honte. Une de ces