Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/25

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plus noir cul de basse-fosse du couvent dont il était l’opprobre et la honte.

Il s’échauffait en parlant :

— Un ivrogne et un débauché à qui je donne tous les jours du bon vin et de bons morceaux et qui s’en va au cabaret lutiner des guilledines assez abandonnées pour préférer la société d’un coutelier ambulant et d’un capucin à celle des honnêtes marchands jurés du quartier ! Fi ! fi !

Il s’arrêta court à cet endroit de ses invectives et regarda à la dérobée ma mère qui, debout et droite contre l’escalier, poussait à petits coups secs l’aiguille à tricoter.

Catherine, surprise par ce mauvais accueil, dit sèchement :

— Ainsi, vous ne voulez pas dire une bonne parole au cabaretier et aux sergents ?

— Je leur dirai, si vous voulez, qu’ils emmènent le coutelier avec le capucin.

— Mais, fit-elle en riant, le coutelier est votre ami.

— Moins mon ami que le vôtre, dit mon père irrité. Un gueux qui tire la bricole et va clochant !

— Oh ! pour cela s’écria-t-elle, c’est bien vrai qu’il cloche. Il cloche, il cloche, il cloche !