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fleur. Car j’ai bien entendu qu’il vous pria d’assister un moment à sa cuisine, qui est moins bien odorante et chrétienne que celle de maître Léonard, votre père. Hélas ! quand reverrai-je la rôtisserie de la reine Pédauque et la librairie de M. Blaizot, à l’Image Sainte-Catherine, où j’avais tant de plaisir à feuilleter les livres nouvellement arrivés d’Amsterdam et de La Haye !

— Hélas ! m’écriai-je, les larmes aux yeux, quand les reverrai-je moi-même ? Quand reverrai-je la rue Saint-Jacques, où je suis né, et mes chers parents, à qui la nouvelle de nos malheurs causera de cuisants chagrins ? Mais daignez vous expliquer, mon bon maître, sur cette rencontre assez étrange, que vous dites qui eut lieu ce matin, et sur les événements de la présente journée.

M. Jérôme Coignard consentit à me donner tous les éclaircissements que je souhaitais. Il le fit en ces termes :

— Sachez donc, mon fils, que j’atteignis sans encombre le plus haut étage du château avec ce M. d’Anquetil, que j’aime assez, encore que rude et sans lettres. Il n’a dans l’esprit ni belles connaissances ni profondes curiosités. Mais la vivacité de la jeunesse brille agréable-