de douceur et d’équité où le sage marche d’un pied ferme et prudent, l’on se voit contraint de soutenir la violence par la violence et la cruauté par la cruauté, en sorte que la conséquence d’une première faute est d’en produire de nouvelles. C’est ce qu’il faut avoir présent à l’esprit pour entendre la vie des empereurs romains, que M. Crevier a rapportée avec exactitude. Ces princes n’étaient pas nés plus mauvais que les autres hommes. Caïus, surnommé Caligula, ne manquait ni d’esprit naturel, ni de jugement, et il était capable d’amitié. Néron avait un goût inné pour la vertu, et son tempérament le portait vers tout ce qui est grand et sublime. Une première faute les jeta l’un et l’autre dans la voie scélérate qu’ils ont suivie jusqu’à leur fin misérable. C’est ce qui apparaît dans le livre de M. Crevier. J’ai connu cet habile homme alors qu’il enseignait les belles-lettres au collège de Beauvais, comme je les enseignerais aujourd’hui, si ma vie n’avait pas été traversée par mille obstacles et si la facilité naturelle de mon âme ne m’avait pas induit en diverses embûches où je tombai. M. Crevier, mon fils, était de mœurs pures ; il professait une morale sévère, et je l’ouïs dire un jour qu’une femme qui a trahi la foi conju-
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