Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/260

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Elle apprit avec plaisir que j’étais gentilhomme et non des plus pauvres. Je cessai bientôt de lui être odieux, et elle commençait de me vouloir du bien, quand un marmiton qui traversait le corridor la fit fuir sans retour.

» Autant que je puis croire, ajouta M. d’Anquetil, cette adorable fille venait pour un autre que pour moi ; elle s’est trompée de porte, et sa surprise a causé son effroi. Mais je l’ai bien rassurée et, sans ce marmiton, je la gagnais tout à fait à mon amitié. — Je le confirmai dans cette supposition. Nous cherchâmes pour qui cette belle personne pouvait bien venir et nous tombâmes d’accord que c’était, comme je vous l’ai déjà dit, Tournebroche, pour ce vieux fou d’Astarac, qui l’accointe dans une chambre voisine de la vôtre et, peut-être, à votre insu, dans votre propre chambre. Ne le pensez-vous point ?

— Rien n’est plus probable, répondis-je.

— Il n’en faut point douter, reprit mon bon maître. Ce sorcier se moque de nous avec ses Salamandres. Et la vérité est qu’il caresse cette jolie fille. C’est un imposteur.

Je priai mon bon maître de poursuivre son récit. Il le fit volontiers.

— J’abrège, mon fils, dit-il, le discours que