Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me tint M. d’Anquetil. Il est d’un esprit vulgaire et bas de réciter amplement les petites circonstances. Nous devons, au contraire, nous efforcer de les renfermer en peu de mots, tendre à la concision et garder pour les instructions et exhortations morales l’abondance entraînante des paroles, qu’il convient alors de précipiter comme la neige qui descend des montagnes. Je vous aurai donc instruit suffisamment des propos de M. d’Anquetil quand je vous aurai dit qu’il m’assura trouver à cette jeune fille une beauté, un charme, un agrément extraordinaires. Il termina son discours en me demandant si je savais son nom et qui elle était. Au portrait que vous m’en faites, répondis-je, je la reconnais pour la nièce du rabbin Mosaïde, Jahel, de son nom, qu’il m’arriva d’embrasser une nuit dans ce même escalier, avec cette différence que c’était entre le deuxième étage et le premier. « J’espère, répliqua M. d’Anquetil, qu’il y a d’autres différences, car, pour ma part, je la serrai de près. Je suis fâché aussi de ce que vous me dites qu’elle est juive. Et, sans croire en Dieu, il y a en moi un certain sentiment qui la préférerait chrétienne. Mais connaît-on jamais sa naissance ? Qui sait si ce n’est pas