Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/315

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sieurs, je chercherai la source et l’origine des lois non dans l’homme, mais hors de l’homme, et je croirai qu’étant étrangères à l’homme, elles viennent de Dieu, qui a formé de ses mains mystérieuses non seulement la terre et l’eau, la plante et l’animal, mais encore les peuples et les sociétés. Je croirai que les lois viennent directement de lui, de son premier décalogue, et qu’elles sont inhumaines parce qu’elles sont divines. Il est bien entendu que je considère ici les codes dans leur principe et dans leur essence, sans vouloir entrer dans leur diversité risible et leur complication pitoyable. Les détails des coutumes et des prescriptions, tant écrites qu’orales, sont la part de l’homme, et cette part doit être méprisée. Mais, ne craignons point de le reconnaître, la Cité est d’institution divine. D’où il résulte que tout gouvernement doit être théocratique. Un prêtre fameux pour la part qu’il prit dans la déclaration de 1682, M. Bossuet, n’avait point tort de vouloir tracer les règles de la politique d’après les maximes de l’Écriture, et, s’il y a échoué misérablement, il n’en faut accuser que la faiblesse de son génie, qui s’attacha platement à des exemples tirés des Juges et des Rois, sans voir que Dieu, quand il travaille en ce