Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vantables. Je frémis en pensant à l’état où il dut être quand il trouva ma chambre vide et mes draps encore attachés à la fenêtre par où je m’échappai pour vous joindre et fuir avec vous.

— Jahel, vous voulez dire avec M. d’Anquetil.

— Que vous êtes pointilleux ! Ne partions-nous pas tous ensemble ? Mais cette calèche me donne de l’inquiétude, tant elle ressemble à celle de mon oncle.

— Soyez assurée, Jahel, que c’est la voiture de quelque bon Bourguignon qui va à ses affaires sans songer à nous.

— Vous n’en savez rien, dit Jahel. J’ai peur.

— Vous ne pouvez craindre pourtant, mademoiselle, que votre oncle, dans l’état de décrépitude où il est réduit, coure les routes à votre poursuite. Il n’est occupé que de cabbale et rêveries hébraïques.

— Vous ne le connaissez pas, me répondit-elle en soupirant. Il n’est occupé que de moi. Il m’aime autant qu’il exècre le reste de l’univers. Il m’aime d’une manière…

— D’une manière ?

— De toutes les manières… Enfin il m’aime.

— Jahel, je frémis de vous entendre. Juste