Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/352

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je n’ai accompagné Mosaïde que pour cela. Je vous vois cruellement tourmenté par les Lutins. Ces petits esprits de la terre vous ont assailli, abusé par toutes sortes de fantasmagories, séduit par mille mensonges, et finalement poussé à fuir ma maison.

— Hélas ! monsieur, répondis-je, il est vrai que j’ai quitté votre toit avec une apparente ingratitude dont je vous demande pardon. Mais j’étais poursuivi par les sergents, non par les Lutins. Et mon bon maître est assassiné. Ce n’est pas une fantasmagorie.

— N’en doutez point, reprit le grand homme, ce malheureux abbé a été frappé mortellement par les Sylphes dont il avait révélé les secrets. Il a dérobé dans une armoire quelques pierres qui sont l’ouvrage de ces Sylphes et que ceux-ci avaient laissées imparfaites, et bien différentes encore du diamant, quant à l’éclat et à la pureté.

» C’est cette avidité et le nom d’Agla indiscrètement prononcé qui les a le plus fâchés. Or sachez, mon fils, qu’il est impossible aux philosophes d’arrêter la vengeance de ce peuple irascible. J’ai appris par une voie surnaturelle et aussi par le rapport de Criton, le larcin sacrilège de M. Coignard qui se flattait insolem-