Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/351

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Reprenant ses ciseaux et son panier, M. le curé dit :

— Mieux encore qu’à votre habit et à vos chausses, que je vois étendus sur cet escabeau, à vos propos, mon fils, je connais que vous êtes d’église et menant une sainte vie. Reçûtes-vous les ordres sacrés ?

— Il est prêtre, dis-je, docteur en théologie et professeur d’éloquence.

— Et de quel diocèse ? demanda le curé.

— De Séez, en Normandie, suffragant de Rouen.

— Insigne province ecclésiastique, dit M. le curé, mais qui le cède de beaucoup en antiquité et illustration au diocèse de Reims, dont je suis prêtre.

Et il sortit. M. Jérôme Coignard passa paisiblement la journée. Jahel voulut rester la nuit auprès du malade. Je quittai, vers onze heures de la soirée, la maison de M. Coquebert et j’allai chercher un gîte à l’auberge du sieur Gaulard. Je trouvai M. d’Astarac sur la place, dont son ombre, au clair de lune, barrait presque toute la surface. Il me mit la main sur l’épaule comme il en avait l’habitude et me dit avec sa gravité coutumière :

— Il est temps que je vous rassure, mon fils ;