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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/94

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Mais mon bon maître, la tête renversée, du regard et du souffle aspirant tous les livres, bavait de joie.

— Par Apollon ! s’écria-t-il, voilà une magnifique librairie ! La bibliothèque de M. l’évêque de Séez, bien que riche en ouvrages de droit canon, ne peut être comparée à celle-ci. Il n’est point de séjour plus plaisant, à mon gré, non point même les Champs-Élysées décrits par Virgile. J’y distingue, à première vue, tant d’ouvrages rares et tant de précieuses collections, que je doute presque, monsieur, qu’aucune bibliothèque particulière l’emporte sur celle-ci, qui le cède seulement, en France, à la Mazarine et à la Royale. J’ose dire même qu’à voir ces manuscrits latins et grecs, qui se pressent en foule à cet angle, on peut, après la Bodléienne, l’Ambroisienne, la Laurentienne et la Vaticane, nommer encore, monsieur, l’Astaracienne. Sans me flatter, je flaire d’assez loin les truffes et les livres, et je vous tiens, dès à présent, pour l’égal de Peiresc, de Groslier et de Canevarius, princes des bibliophiles.

— Je l’emporte de beaucoup sur eux, répondit doucement M. d’Astarac, et cette bibliothèque est infiniment plus précieuse que toutes celles que vous venez de nommer. La bibliothèque