Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/101

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agriculteurs. Or, pour ces états, qui forment le corps de la société, à quoi servent à nos fils le grec et le latin que vous leur enseignez et qu’ils oublient vite ? Tout le monde ne peut pas écrire, plaider, enseigner. Le plus grand nombre est hors du cercle des professions savantes. Que font vos collèges pour ce grand nombre ? Rien ou rien de bien. »


Il n’est pas de cœur un peu fier que ces paroles basses et grossières ne soulèvent de dégoût. Je les rappelle parce que l’état d’esprit qui les a inspirées subsiste encore. L’enseignement secondaire n’a fait que déchoir depuis un demi-siècle. Il est condamné. Il ne convient plus à notre société que l’enfant du peuple aille à l’école primaire et qu’à l’enfant riche soit réservé le lycée où d’ailleurs il n’apprend rien. Après cette guerre monstrueuse, qui en cinq ans a rendu caduques toutes les institutions, il faut reconstruire l’édifice de l’instruction publique sur un plan nouveau, d’une majestueuse simplicité. Même enseignement pour les enfants riches et pauvres. Tous iront à l’école primaire. Ceux d’entre eux qui y montreront le plus d’aptitude aux études