Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIII

COMMENT JE DEVINS ACADÉMICIEN

L’année scolaire approchait de son terme. C’était pour nous, élèves de philosophie, la dernière année de collège. Dans les bons esprits, à la joie de devenir enfin libres se joignait la mélancolie de perdre d’anciennes habitudes. Maxime Denis, excellent dans les vers latins et d’un naturel affectueux, nous dit un jour, sous les acacias, pendant la récréation de midi :

— Nous allons bientôt entrer dans le vaste monde et nous disperser pour suivre chacun notre carrière. Nous avons formé au collège des amitiés qu’il ne faut pas perdre. Les amitiés de jeunesse doivent durer toute la vie. Les