Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/183

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que deux chaises et un lit sur lequel Sauvigny et Chazal avaient pris place à côté de Desrais, notre hôte. On voyait sur la haute armoire à glace le buste de Pascal, seul monument qui parlât à l’âme dans cette pièce garnie sur tous les murs de fleurets, d’épées et de fusils de chasse.

Desrais m’interpella d’un ton maussade et, me montrant le buste :

— Si tu crois que c’est rigolo, quand on se met au lit, d’être surplombé par cette tête d’abruti.

En trois quarts d’heure, il arriva deux académiciens, puis un, Isambart, Denis et Fontanet. Et l’opinion générale fut qu’il n’en viendrait plus.

— Et Mouron, notre président ! m’écriai-je avec l’émoi d’un orateur qui voit son auditoire réduit à peu de chose.

— Es-tu fou ? répliqua Isambart. Tu veux qu’on lâche dans les rues, sous cette pluie, dans ce vent, Mouron qui est poitrinaire. Ce serait le tuer.

N’attendant plus un président qui me donnât la parole, je me décidai à la prendre moi-même et commençai la lecture de mon dis-