Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/184

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cours que je savais beau, sans me dissimuler toutefois qu’il n’était peut-être pas tout à fait dans le ton qui convenait aux circonstances.

Je lus :

— Messieurs les académiciens et chers camarades,

» C’est un grand honneur pour moi d’être appelé à exposer les intentions qui vous ont guidés, quand vous avez fondé cette académie littéraire et philosophique, placée sous l’invocation du grand Pascal, dont l’image nous sourit. Deux intentions, s’échappant comme deux fleuves féconds de vos cœurs et de vos esprits, ont jailli…

À cet endroit, Desrais, qui avait salué le début de mon discours d’applaudissements ironiques, me dit proprement :

— Ah ! çà ! Nozière, tu ne vas pas nous raser longtemps comme ça !…

Quelques protestations s’élevèrent en ma faveur. Mais combien je les trouvai faibles ! Elles firent peu d’impression sur Desrais qui continua à m’apostropher :

— Range ton laïus et ferme ton bec. D’ailleurs voilà le thé qui s’amène.

En effet, une vieille femme de charge entra