Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/237

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peignent lisse, mais ils ont de l’accent. Là, rien ne révèle la volonté, l’intention. Chinois, va !… Ingres aussi est un Chinois. Et ils trouvent cela beau ! Tas de crétins !

Dès que j’en trouvai l’occasion, je confiai à M. Ménage sur un ton de connaisseur, qui le fit sourire, que j’étais venu voir, au Louvre, la Psyché de Gérard, pour comparer la peinture avec l’esquisse qu’on m’avait montrée.

Et j’ajoutai non sans désinvolture :

— C’est un modèle connu, Céline, qui posa pour Psyché.

— C’est possible, murmura M. Ménage indifférent.

— Elle était très belle ?

— On le dit… Moi, je ne l’ai pas connue jeune.

— Elle a posé pour Guérin, pour Girodet, et en dernier lieu pour Hersent.

— Pour tous les pompiers, quoi ? la malheureuse !…

— Est-ce qu’elle vit encore ?

— Mais tu la connais ! Elle loge dans ta maison, tout au fond du corridor où j’ai mon atelier.