Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/28

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nous nous heurtons à de vieux fûts, à des échelles, à des planches pourries. Le bruit des marteaux sans nombre, qui nous étourdissait tout à l’heure, nous parvient assourdi et nous rassure. Après quelques instants, nos yeux s’accoutumant à l’obscurité, découvrent un escalier tournant très rapide, où pend, pour soutien, une grosse corde grasse. Après avoir monté à tâtons une vingtaine de marches, nos mains touchent une porte ; ne trouvant pas de sonnette, je gratte doucement. Fontanet frappe plus fort.

— Qui frappe ? demanda une voix rude.

— Nous.

— Que demandez-vous ?

— Madame Bargouiller.

Des pas approchent lentement, la serrure grince, la porte s’ouvre. Madame Bargouiller paraît rougeoyante, coiffée en nid de vipères, la poitrine mal contenue par une camisole à fleurs.

La chambre carrelée servait de cuisine et de chambre à coucher ; un grand lit, un petit, un buffet de bois, quelques chaises de paille en composaient l’ameublement. Une de ces chaises n’avait que trois pieds. Des ustensiles